LES TRAQUEURS

Cette page est dédiée chaleureusement à Bruno, Quentin, Christophe et Gilbert à qui nous adressons nos remerciements pour les fatigues que la traque dans un terrain accidenté et parfois très touffu procure ! On ne saura oublier leurs chiens bien sûr !

 

Traquer une page

 

 

 














 

 

Tableaux 

 

Hors de la chasse à l’approche ou le chasseur est seul pour approcher le gibier, l’observer et éventuellement le tirer selon des critères de sélection, la chasse au gros/grand gibier se pratique en battue c'est-à-dire  que l’on bat la campagne / les bois / la forêt pour faire bouger le gibier et le pousser à s’enfuir dans une direction pour qu’il traverse des lignes et espaces sur lesquels des chasseurs sont postés pour effectuer un tir.

 

Hors pour débusquer le gibier de ses « remises », « bauges », «tanières » ou « gîtes » il faut des traqueurs qui aidés de chiens, de trompes de chasse et de cris font fuir le gibier.

 

Sans traqueur pas de battue ! 

 

La traque est peut être la partie la plus ingrate car si on est amené parfois à voir le gibier sauter ou détaler devant soi et exceptionnellement le voir traverser la ligne de traque en retour, il est moins facile de pouvoir faire un tir devant soi.

 

Mais la traque est la partie la plus dynamique et physique de la chasse, surtout quand les terrains sont ingrats, chaotiques, gras et encombrés de ronciers, d’épines blanches ou noires, de taillis touffus .

 

La traque c’est un tandem entre les chiens et le chasseur et l’on devient souvent traqueur par la passion des chiens courants.  Voir le travail des chiens, ressentir leur excitations, comprendre leur difficultés,  les aider à insister sur des effluves ténues, relancer la troupe quand elle faiblit, encourager de la voix et du regard,  est une récompense à biens des efforts et fatigues.

        

La Traque est généreuse, on aime la chasse au point de la partager pour l’offrir aux amis qui sont  postés, pour qu’ils accèdent au même plaisir en espérant qu’ils sauront en être dignes en réussissant leur tir et en assurant le tableau.

La traque nécessite de l’expérience, un savoir faire, de la Gouaille et de l’envie et une bonne connaissance du terrain, du domaine, des lignes de fuites et des parcours du gibier.

Les chasseurs postés sont éternellement reconnaissants aux traqueurs pour leurs efforts, pour leurs compétences et pour la charge qu’ils assument de disposer de chiens courants, bien créancés dans la voie du chevreuil ou du sanglier.

 

On tergiverse sur les races mieux disposées à la fonction mais tout est surtout affaire de dressage, d’éducation et de complicité entre le traqueur et son / ses chiens.

 

  Le chien ressent le plaisir et la satisfaction du maître, il perçoit ses tensions ou déceptions, il participe à ses joies, il sait le rôle qu’il a  à jouer et si sa descendance, son instinct le prédispose à cette action de chasse, il pourra la développer et la décupler si il y a une bonne osmose avec son maître et si le maître sait tirer partie de ses potentialités sinon les développer. Tout est affaire d’accord et c’est ce qui rend la traque et le travail avec les chiens passionnants. Rien n’est jamais établi et il ya souvent des fautes de part et d’autre de ce tandem. Il faut savoir gérer cette relation particulière entre l’homme et l’animal qui quoiqu’on en dise qui reste avant tout un animal.

 

Le chien est un être vivant, il mérite attention, soins et respect mais aussi fermeté de manière à atteindre les objectifs attendus par les deux parties. Le chien aime chasser, c’est quelque part naturel pour lui, mais le maître souhaite que cet instinct soit canalisé pour des buts précis.

La truffe doit faire la différence entre le voie du chevreuil et celle du Lièvre, ne pas se détourner ou se laisser distraire par autre chose que la voie qu’on lui fait comprendre à suivre, même si le bouquin lui saute à la figure en quittant le gîte.

 

Une certaine complicité, une énorme patience, une rigueur de tous les instants font de ces couples Traqueurs / Chiens des alchimies mystérieuses.

Il faut savoir arrêter de suivre quelque peu un objectif pour corriger une faute de manière à ce que cette faute soit bien marquée et enregistrée pour ne plus la refaire. C’est la base de toute éducation. Ne pas brûler les étapes, ne pas vouloir le résultat immédiatement pour mieux le garantir plus tard.

 

On est parfois traqueur avant d’être chasseur, c’est aussi une école de la nature de la perception de ces échanges précieux que l’on a avec la nature, la vie, la mort. Il n’est de cette école aucun enseignement qui n’apporte à la personnalité son lot de connaissances, de savoir être, d’observation et d’attention.

 

On devient aussi traqueur après de nombreuses années de chasseurs postés, car quelque part il manque dans l’attente au poste quelque chose pour vivre la chasse autrement quand la volonté de vibrer en groupe avec la forêt l’emporte sur l’aspect statique silencieux et solitaire.

 

On n’a jamais froid quand on traque, la dépense physique apporte largement les calories nécessaires.

 

Sur le domaine nous avons principalement 3 traqueurs en les  personnes de Bruno, Christophe et Gilbert qui parfois sont rejoints par quelques traqueurs invités, Philippe et ses fox.

                                                                                                            

 

Paradoxalement, Griffons Bleu de Gascogne, braques, Fox et Labradors se partagent les rôles accompagnés de quelques beagles. Les petits fox teigneux contre les cochons sont parfois présents et apportent leur « niaques » dans la traque avec excellence.

 

A que la chasse est joyeuse quand les échos des vallons répètent et renforcent les Whaouu Whaouu  graves des griffons bleus de Gascogne et Aiyeh Aiyeh aigus des Beagles. Le grelot drelingue, la tension monte, on suit au loin la progression de la traque, les coups de trompe poussent la meute, l'encouragent.

Quand le silence est là que seul les grelots cassent le silence, la queue s’agite, la truffe rase le sol, cela chauffe, on s’approche mais on n’y est pas encore, ce n’est pas loin, chacun s’applique de son mieux, à gauche, à droite, puis d’un seul coup d’un seul on relève la tête , ça y’est, c’est bon c’est chaud, c’est fort  WHAOUUUU, eurêka j’ai trouvé là, il est passé là , il n’est pas loin il est devant, Taïaut ! Taïaut ! On le tient, c’est parti, c’est bien cela, et tout le monde alors s’y met dans une cacophonie joyeuse, prometteuse. Le galop est lancé, tout le monde ressert le dispositif, vaille que vaille , Haut les cœurs, Hardi on l'aura !

Au loin les chasseurs postés ont changé d’attitude, on s’est relevé du siège d’attente, on tend l’oreille, cela vient vers nous, donc cela ne va pas tarder. La tête joue à la toupie dans les 360°, l’oreille tend à percevoir le moindre craquement, l’œil essaye de déceler le moindre mouvement dans l’immobilité apparente environnante !

 

Et soudain le fracas assourdissant, Bang !  On tend l’oreille encore, y aura-t-il un second coup, un troisième coup ou le premier fut le bon ! Si oui, on va entendre la confirmation de la trompe et du rigodon !  POAM ! POAM !TUUT TUUT TUUT TUUT ! c’est un chevreuil .  Silence,  point de tohubohu trompetant, le gibier courre encore, il a été loupé c'est peut être une chance de plus pour moi de le voir passer, le palpitant s'emballe, Ah! que c'est bon cette tension soudaine,  tous les sens sont affutés, l'oreille et l'œil s'accouplent pour jouer au radar et balayent le secteur ! Oui là bas, à la fois si loin et puis si proche, trop vite, si vite, il m'a vu il accélère, bigre c'est maintenant où jamais, ça y est  je l'ai au bout de mon guidon, vite mais pas encore, il ne faut pas se précipiter mais faire vite, le Brocard accélère  semble d'une façon inouïe savoir quel est l'obstacle qui le sauvera et cassera la ligne de mire tant il est habile à passer vicelarement derrière chacun d'entre eux,  On n'a même pas conscience d'avoir appuyer sur la détente, Bang, la décharge fracassante à rompu le silence, le charme, quoi ? il cout encore, ce n'est pas possible, si près, si bien cadré, si ceci , si cela, Bang, dernière chance je le redouble, Où est il ? je ne le vois plus  ! L'aurais je eu ?? Je ne vois rien mais plus rien ne bouge, on ne voit plus aucun mouvement et le silence est retombé comme une chape de plomb sur le drame qui vient de se jouer ! Attendre le signal de fin de traque pour allez voir, pour contrôler son tir ! l'excitation est à son comble ! Impatience ?!? Serais-je félicité ou devrais-je une tournée d'apéros ? On savoure le plaisir et l'espoir d'avoir réussi ! Je n'ai plus rien vu bouger, si je l'avais raté j'aurai du le voir passer encore cette ligne d'arbre, mais non rien ! C'est sûr, il doit être couché derrière cette souche ou ces arbrisseaux ! Dois-je sonner à mon tour sans être sûr ???  Ah que tout cela est excitant et vous inocule encore plus profondément le virus de la chasse  mes amis ! Il ne pourra y avoir de vaccin contre ce virus là, soyez en sûr !

Dans la traque on attend tout autant que les postés le son de la trompe et le rigodon, car cela sanctionne le bon résultat du travail accompli, l’équipe Traqueurs / Chiens a réussi et a fait un heureux sinon des heureux ! Car tout le monde se réjouit de l’aboutissement. Si au bang le silence récupère ses droits, l 'animal a feinté, il a surpris, il a accéléré, il éventé et déjoué le poste en glissant derrière une ligne de taillis, un sillon plus profond, il a sauté plus haut que prévu, bref il a réussi à passer à travers sans mal ! Gloire à ses ruses, respect de la communauté, il devient gibier à mériter, il donne à la chasse toute sa félicitée  et sa remise en cause !

 

Un loupé, 10 histoires de racontées ; on s’en maudit comme on en rit ! Tu n’avais qu’à être meilleur, moins pressé, plus rigoureux sur la préparation, la visée, avoir plus d’anticipation, être plus réactif, moins impatient, ou moins culotté de tenter un coup incertain !

Le coup de feu non parti parce que dans la précipitation et l’excitation du moment on a oublié de retiré la sûreté de l’arme,  on n’a pas vu la branche qui retenait la sangle,  ou voir même on n’a pas chargé l’arme croyant l’avoir fait en arrivant au poste… !!!  Des tas d’histoires qu’il sera bon de raconter au coin du feu dans le chalet au retour. On est prompt à charger l’ami de ses maladresses en oubliant que l’on a fait les mêmes le coup d’avant ou que l’on fera la même chose un autre jour !

Rires, chicanes, amitiés, ambiance de copains heureux de partager cette même passion ces mêmes instants  de communion sous la bienveillance de Saint Hubert !

 

Alors si un jour on vous propose de traquer même avec un bâton de noisetier pour taper sur les troncs, frapper les ronciers, hurler des « Choppe le ! » et des « Où qu’il est ? » et encore des « HAHAAAA  HAAA! » graves et caverneux à geler d’effroi sur place le premier mulot qui pointe son nez hors du trou, n’hésitez pas une seconde ! Saisissez votre chance de vivre tant d’instants si particuliers, si forts, si excitants qui vous prouveront que vous êtes bien vivant, biens dans vos bottes et à la hauteur des efforts  attendus !